Et si on mesurait la notoriété plutôt que la popularité ?

Le propre du sondage d'opinion politique est généralement de mesurer la cote de popularité d'une personnalité politique : qu'il s'agisse d'un baromètre consacré à l'action du Président de la République ou de mesurer la part des intentions de vote de chaque candidat à l'élection présidentielle, on se préoccupe essentiellement du fond, au détriment de la forme. Pourtant, là où une personnalité politique parvient laborieusement à convaincre, une autre glanera peut-être la même popularité en un minimum d'effort.

L'agence de conseil Image et Stratégie l'a compris et s'est employée à développer un outil en ligne traduisant une cote de notoriété : il ne s'agit plus de mesurer un taux de ralliement à des idées, mais bien un taux d'efficacité dans la manière de porter ses idées à la connaissance du grand public. Le baromètre e-reputation d'Image et Stratégie est intéressant en cela qu'il offre un angle différent de ce qu'on trouve habituellement dans l'analyse de l'action politique.

Baromètre Image et Stratégie

Une méthodologie puissante et inédite

L'outil pose le focus sur le nombre d'occurrences d'une information ou d'un nom, permettant de mesurer un taux d'expression, de citation et donc de visibilité : on ne compte pas le nombre de followers d'un compte Twitter mais le nombre de tweets, on ne compte pas le nombre de visiteurs ou de pages vues d'un article mais le nombre d'articles, on ne compte pas le nombre de vues d'une vidéo mais le nombre de vidéo etc...

Le choix méthodologique mérite qu'on s'y attarde : pragmatique, il offre l'immense avantage de ne pas reposer sur des intentions ou sur un mode de recueil induisant du déclaratif : on élimine ainsi d'emblée toute erreur structurelle.

Baromètre Image et Stratégie

La puissance de la méthodologie réside dans le fait qu'il est possible de mesurer l'ampleur des différentes composantes consolidant l'indice (IND) ou la part (PND) de notoriété digitale : on attribue à Google, Facebook, Twitter, Youtube et Dailymotion un coefficient global reposant sur des données statistiques de cadrage. Il est alors possible d'évaluer le poids de chaque composante : par exemple, François Hollande est surtout présent sur Facebook, tandis que Nicolas Sarkozy est surtout présent sur Google puis Youtube.

On mesure ainsi un taux d'occupation du terrain médiatique, permettant des analyses sortant enfin des sentiers battus. Concrètement, ce n'est pas parce qu'un candidat occupe efficacement ce terrain qu'il parvient pour autant à convaincre les électeurs de souscrire à son programme politique. Par exemple, le décalage entre l'exposition médiatique et la cote de popularité de Nicolas Sarkozy est spectaculaire. Dans une moindre mesure, cette observation prévaut également pour Ségolène Royal, candidate la plus exposée médiatiquement (comme l'indique sa PND). En revanche, Jean-Louis Borloo observe un sursaut de son indice de notoriété digitale depuis l'annonce de son renoncement à l'élection présidentielle.

De la difficulté de comprendre la différence entre popularité et notoriété

Certes, les notions de popularité et de notoriété ne sont pas forcément évidentes à discerner, mais les termes "populaire" et "notoire" sont probablement plus explicites : être "populaire" revient à être aimé du plus grand nombre, tandis qu'être "notoire" revient à être connu du plus grand nombre.

Mais revenons sur un article d'Atlantico publié début Septembre : si la démonstration qui y est développée expose bien les nuances d'analyse permises par l'outil, le titre se veut en revanche extrêmement racoleur. En réalité, le titre d'origine de cet article était "La prise de la Rochelle", tel qu'on peut le vérifier sur le site de l'agence de conseil. Atlantico s'est apparemment octroyé le droit de choisir un titre plus accrocheur et réducteur. Dès lors, la titraille employée désinforme amplement sur le contenu de l'article.

Baromètre Image et Stratégie

Car l'outil développé par Image et Stratégie s'affranchit justement totalement de la notion de "sondage". Aussi, s'il est vrai que François Hollande est le favori des sondages (pour les primaires socialistes devrait-on préciser), il est en revanche impossible de prétendre qu'il n'est pas le favori des internautes. Le baromètre d'Image et Stratégie n'a juste tout simplement pas vocation à confirmer ou à infirmer cela. Seul fait avéré : des six candidats à la Primaire Socialiste, François Hollande n'est pas celui qui présente la meilleure couverture médiatique sur Internet.

Les commentaires reflètent d'ailleurs un certain malaise, entre incompréhension et raccourci. Alors que certains évoquent l'absence de Marine Le Pen ou le manque d'explication sur l'élaboration des chiffres, d'autres réduisent le baromètre à ce qu'il n'est surtout pas : un sondage. Probablement, aurait-il été plus judicieux de la part d'Atlantico de mettre en évidence le lien vers le baromètre, et de fournir un peu plus de contexte à la très intéressante expérience menée par Image et Stratégie.