Datavisualiser les lieux les plus photographiés grâce aux données des réseaux sociaux

Les voyageurs les plus intraitables diraient aujourd'hui qu'il devrait n'y avoir qu'une seule règle en matière de voyage, et elle dirait ceci : si vous n'avez pas pris de photo, alors c'est que vous n'y êtes pas vraiment allé ! C'est dire à quel point les photos de voyage sont devenues importantes, voire totalement incontournables, surtout depuis qu'il est rendu possible de les partager avec la Terre entière, littéralement.

Dans un registre similaire, je vous avais déjà présenté le projet "The geography of Tweets", consacré aux tweets géolocalisés. Cette fois, il est question d'une série d'applications Web dont l'objectif est d'exploiter les métadonnées de photographies d'internautes envoyées sur les réseaux sociaux pour en tirer des cartographies. Celles-ci sont non seulement propices à la contemplation, mais également riches d'enseignement. Voici trois exemples d'utilisation des métadonnées de géolocalisation de photos, parmi les plus spectaculaires.

1. Herefeed exploite la géolocalisation des photos publiées sur Instagram

À n'en pas douter, Instagram est un excellent outil pour traquer ses utilisateurs : depuis le lancement de sa fonctionnalité de mapping, puis son rachat par Facebook (dont chacun a en tête la politique agressive en matière de respect de la vie privée), Instagram confère encore plus au voyeurisme généralisé. Mais tant pis ! Herefeed est une jeune application Web qui s'emploie à rendre l'opération encore plus facile et esthétique. Sa promesse est simple : fournir une cartographie des lieux les plus géotagués en hiérarchisant les photos transmises à Instagram en fonction de leur popularité sur le réseau social. Concrètement, Herefeed affiche des bulles dont la taille est proportionnelle au nombre de fois qu'une zone géographique a fait l'objet d'une photo. Le créateur de Herefeed explique que l'idée lui est venu en visitant un nouveau restaurant dont il souhaitait visualiser des photos : il a alors constaté que les photographies issues d'Instagram étaient largement plus nombreuses que celles de Yelp. À noter que les données dites en "temps réel" le sont presque véritablement (délai d'une minute), mais ne sont disponibles que pour certaines localisations aux USA et à Londres.

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2. Sightsmap cartographie la densité de photos en provenance de Panoramio

Dernier site à la mode en la matière, Sightsmap fait parler de lui depuis le début de l'année. Cette application Web exploite les données de Panoramio, un site d'origine espagnole, dont les propriétaires ont rejoint le giron de Google il y a déjà plus de sept ans. Pour rappel, ce sont d'ailleurs les photos hébergées par Panoramio que Google nous sert sur Google Maps et Google Earth. Mais revenons à Sightsmap : l'application affiche une cartographie de type heatmap sur laquelle les points les plus chauds (auxquels correspond une quantité importante de photos) sont représentées en jaune, tandis que les points les plus froids (auxquels correspond une quantité limitée de photos) sont en violet ou gris foncé. De plus, Sightsmap indique le classement mondial et le classement au sein de la zone géographique affichée à l'écran de chaque lieu notable, en fonction de sa popularité (selon l'auteur, il s'agit d'un calcul basé sur Wikipedia, Foursquare et Google Places) et éventuellement de sa catégorie (musée, restaurant, boutique, hôtel etc...). Il est intéressant par ailleurs de comparer les classements Panoramio et Instagram des villes les plus photographiées : le premier compte 7 villes sur 10 situées en Europe, tandis que le second compte 7 villes sur 10 situées sur le continent américain.

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3. Trafficways montre la répartition géographique des photos issues de Flickr

Eric Fischer partage une conception artistique de la datavisualisation. Ce qu'il y a de plus impressionnant avec ses travaux, c'est cette habitude systématique qu'il a pris de géolocaliser absolument toutes les données qui lui tombent sous la main, le tout en conservant son âme d'artiste photographe. C'est ainsi qu'il s'emploie, depuis plusieurs années, à traduire visuellement des comportements humains de masse. L'application Web Trafficways exploite ses travaux de datavisualisation. Il en résulte notamment une cartographie représentant la densité de photographies postées sur Flickr en fonction des métadonnées de géolocalisation (l'ensemble est rendu possible grâce aux données transmises par la Flickr search API). À chaque point blanc plus ou moins gros, correspond une quantité plus ou moins importantes de photos. À l'image des deux applications précédentes, le détail des cartographies est impressionnant de par la finesse de la granularité des données.

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Par ailleurs, en explorant les cartographies postées par Eric Fischer sur Flickr, on constate qu'il a pu pousser l'expérience encore plus loin en distinguant par exemple les photos publiées sur Flickr par les "locaux" (points bleus) de celles publiées par les touristes (points rouges).