Google Transparency Report organise une veille de la censure Internet

Si les révolutions arabes se succèdent et ne se ressemblent pas, elles ont néanmoins un point commun : c'est le rôle joué par Internet, devenu le support de nombreux médias fédérateurs (en particulier des réseaux sociaux les plus puissants). Dès lors, on distingue mieux les motivations des dirigeants lorsqu'ils en viennent à « couper » Internet : l'acte est à la fois un aveu d'impuissance et une atteinte grave à la liberté d'expression.

Aujourd'hui, certains acteurs du Web s'organisent pour qu'Internet ne puisse plus être coupé, même à une échelle nationale, et proposent des numéros de téléphone permettant, notamment, de tweeter à partir de messages laissés sur un serveur vocal. Comme à son habitude, Google en profitait justement pour mettre récemment le focus sur un de ses services.

« Chez Google, la transparence est une valeur essentielle » : c'est en ces termes que Google présente Transparency Report, un site reflétant l'état de la circulation des informations de leurs outils et services. Probablement soucieux des polémiques générées par les demandes gouvernementales souhaitant la suppression de certains contenus, la firme de Mountain View prend ainsi les devants.

Transparency Report s'articule en deux sections.

La première traite des demandes gouvernementales de suppression de contenu (Youtube, Street View, Google Suggest...) ou des demandes de mise à disposition d'informations (généralement effectuées dans le cadre d'enquêtes criminelles), dénombrées entre Juillet 2009 et Juin 2010. Une carte et des tableaux récapitulent le nombre de demandes. Je vous recommande de lire la FAQ pour en savoir plus sur les nombreuses demandes de suppression du Brésil, de la Corée du Sud ou de l'Allemagne.

Transparency Report : tableau des demandes de suppression

La seconde traite du nombre de visites enregistrées sur les services Google dans le Monde. Les interruptions apparaissent ainsi nettement, qu'il s'agisse de problèmes techniques comme de blocages gouvernementaux. Il est possible de consulter des graphiques pour chaque pays et chaque service : les données sont collectées en temps réel puis reproduites sur une échelle de 0 à 100 (à l'instar des représentations de Google Insight for Search).

Lorsque le 3 juin 2011, le gouvernement de Syrie décidait de couper Internet à tous ses citoyens, voici ce qui apparaissait sur l'outil de monitoring de Google Transparency Report :

Transparency Report : coupure d'Internet en Syrie le 3 juin 2011

Voici, pour la France, l'activité classique observée par Google pour l'utilisation de ses services :

Transparency Report pour la France

Ainsi, grâce à Google, si Internet se retrouvait coupé dans votre pays, le monde entier le saurait... avant vous ! Mais si Transparency Report met en exergue les censures de services Google perpétrée par les dictatures, il met également en évidence les dérives des démocraties, ces dernières n'étant malheureusement pas toujours exemplaires. Et puis, bien entendu, Google n'est pas Internet. Aussi, l'idéal serait probablement que les sites les plus populaires de la planète (Yahoo, Bing, Facebook, Twitter, Wikipedia...) emboîtent à leur tour le pas à Google en rendant public ce type d'observatoire.

Lire à ce sujet l'article de Renesys, militant pour un Internet transparent, et revenant sur la coupure syrienne.