"Moi, les sondages, les statistiques, je n'y crois pas". Combien de fois ai-je pu entendre ce genre de propos dogmatiques, difficiles à contrer, tombant comme un couperet et emprunts d'un scepticisme forcené ? De fait, la bataille est perdue d'avance : il est difficile, voire impossible de défendre cette science, cette profession et cette matière, sans de longues explications théoriques, compliquées et rapidement ennuyantes pour le néophyte...

Réfuter bêtement les chiffres et les méthodes des instituts de sondage est devenu un sport national auprès de bon nombre de blogueurs, journalistes et politiques, dont la crédibilité, la légitimité et la bonne foi mériteraient d'ailleurs d'être tout autant discutées. Remettre en cause l'intégrité d'un journaliste permettrait qu'il ne soit plus automatiquement question d'accuser systématiquement les instituts de sondage de tous les maux.

Marianne2.fr ou François Bayrou sont, parmi tant d'autres, les actifs pourfendeurs de la thèse conspirationniste à l'égard des instituts.

En réalité, l'exercice statistique prend des allures de gigantesque complot fantomatique dont on réfute ou réhabilite les méthodes (et les résultats) selon l'arrangement du moment. Au bout du compte, tout le monde finit plus ou moins par reprendre, commenter, discuter les chiffres de l'actualité. Mais aussi contradictoire que cela puisse paraître, les plus en proie aux doutes, les adorateurs de la controverse, ne se soucient parfois même pas de la source des informations qu'ils triturent !

Heureusement, le Dr Panel est là.

Le Dr Panel n'est pas du tout aux "sondologues" ce que Claude Allègre est aux climatologues, bien au contraire : il croit fermement en les études de marché et évite tous les écueils du scepticisme primaire. En fait, il se présente comme un décortiqueur des vices et vertus des sondages et se décrit comme un souleveur de capot appréciant observer comment et de quoi le moteur est fait.

D'ailleurs, l'expérience professionnelle ne lui fait pas défaut puisqu'il accuse plus d'une quinzaine d'années de métier dans les sondages, ce qui lui valut d'en croiser de toutes sortes, des plus honnêtes aux plus bidons. Le Dr Panel a cela d'appréciable qu'il s'attache aussi à la formulation des analyses, parfois sujettes - aussi souvent à tort qu'à raison - à caution. Mais son véritable cheval de bataille, est la notion de représentativité.

Dans son dernier article, il s'y intéresse en rappelant que celle-ci pourrait reposer théoriquement sur un "simple" tirage aléatoire... si les individus étaient semblables à des boules blanches et noires bien mélangées au fin fond d'une urne. Mais bien sûr, ce n'est pas si simple : piocher des gens au hasard est une mission impossible puisque la population n'est pas répartie aléatoirement sur le territoire. Le Dr Panel raconte donc comment les pionniers américains du sondage procédaient à l'origine.

Si vous souhaitez un avis éclairé sur la question des sondages, les articles de "On va pas en faire un sondage" sont une bénédiction. Souvent acerbes, teintés d'ironie, ses démonstrations mettent souvent le doigt là où ça fait mal. Comme le Dr Panel est un perfectionniste, il ne fait pas de quartier et chaque corps de métier en prend pour son grade : le politique de droite ou de gauche, le journaliste, le blogueur, le sondeur, le sondé... Seule la justesse de l'analyse compte.

Et cerise sur le gâteau, comme vous êtes sur Rue89, les commentaires sont souvent d'excellente qualité, et, fait rare sur le Web francophone, prêtent à la réflexion.