Retour sur 5 conférences d'AgoraCMS consacrées à la gestion de contenu Web

Découvert par hasard grâce à l'agenda de FrenchWeb, je me rendais le 15 mai dernier à la première édition d'AgoraCMS, un événement consacré comme son nom l'indique au Content Management System et prenant place dans le 13ème arrondissement de Paris.

Tout d'abord, un petit mot concernant l'organisation, plutôt excellente : l'accueil était bon, les salles faciles à trouver et les conférences fidèles aux descriptions (autant le préciser car ce n'est pas toujours acquis dans ce type d'évènement). Les plus avares se seront peut-être plaints du montant des frais d'entrée (20 euros), finalement largement justifiés : un buffet était à notre disposition toute la journée durant (ainsi que des sandwichs variés pour le repas du midi) et les locaux de la maison des associations étaient largement à la hauteur pour recevoir les quelques 300 participants. Un bémol tout de même : la keynote d'ouverture ne figurait pas sur la page du programme en ligne, ce qui valait à la plupart d'entre nous d'arriver avec une demi-heure de retard.

AgoraCMS, c'est au final pas moins de 23 conférences répartie sur 8 créneaux de 50 minutes dont vous pouvez retrouver la plupart des présentations sur le site de l'évènement. Voici un résumé rapide des 5 conférences auxquelles je me suis rendu.

Les CMS : écosystème, état des lieux et tendances

Beaucoup de généralités bonnes à rappeler dans cette première conférence présentée par Marine Soroko (Core Techs) et Frédéric Bon (Clever Age). Qu'est-ce qu'un CMS ? Le ton est rapidement donné : bien qu'il ne soit pas question d'élever un CMS au rang d'incontournable (quoique ?), force est de constater que Drupal est vraiment partout (alors que je m'attendais à ingurgiter du Wordpress toute la journée). Cette conférence sera également l'occasion pour Frédéric Bon de tacler Typo03. Selon lui, ce CMS n'en est pas un : il s'agit d'un outil collaboratif comparable à dreamweaver, bien plus un éditeur de page statique qu'un système de gestion de contenu dynamique. Un aparté avant de dérouler les autres conférences auxquelles j'ai assisté : s'il a beaucoup été question de Drupal, cela s'explique forcément en partie par le fait qu'AgoraCMS est une initiative de Drupagora.

Votre CMS intelligent grâce à l'analyse des logs

Cette conférence présentée par Jérôme Renard (Belogik) était mise en avant dans le programme comme contenant des notions de Big Data. Et c'est effectivement le cas puisqu'il y est question de l'importance des logs et de leur analyse. Cette présentation est l'occasion de dresser un inventaire des situations dans lesquelles l'analyse des logs est intéressante, voire quasi indispensable. Jérôme Renard illustre chaque point d'une expérience professionnelle concrète : un problème de charge suite à un fort trafic lié à l'évocation du site dans une émission de Capital sur M6, ou une réquisition judiciaire suite à des insultes envers Nadine Morano. Qu'ils soient archivés et même très anciens (il faut parfois revenir plus de six mois en arrière), il est important d'avoir accès à ses logs. Il y a également un intérêt SEO : les informations fournies par les outils Google sont macros alors que les informations des logs sont micros. Ces derniers offrent donc un gain de confort et de réactivité appréciable. Mais au final, les difficultés rencontrées sont plus ou moins les mêmes qu'avec le big data et on retrouve les 3 V : volume / variété / vélocité.

Marketing éditorial : analyser la valeur du contenu avant de l'écrire

Cette conférence est celle qui m'a le plus intéressé. Présentée par Benjamin Lupu (Groupe Moniteur), cette présentation est l'occasion d'apprendre à évaluer la valeur d'un contenu rédactionnel. Pour démontrer le caractère incontournable de l'analytics, Benjamin Lupu nous rappelait d'abord que le New York Times a intégré une équipe de statisticiens au sein de sa rédaction (et embauche encore). Il a ensuite insisté sur l'importance d'une structure maîtrisée au sein du CMS : il est primordial de savoir accéder aux statistiques d'un contenu en moins de cinq secondes, ou encore d'être capable d'assurer la traçabilité constante d'une page (les liens doivent rester permanents pour que les données analytiques soient exploitables). Il faut également pouvoir segmenter ses visiteurs en fonction du contenu visité. Par exemple, on peut regrouper toutes les pages d'une rubrique ou d'une catégorie en optimisant l'arborescence dans une URL, c'est à dire en insérant un répertoire contenant le nom de la catégorie avant le titre de l'article (comme sur Statosphere depuis la mise à jour). On peut encore segmenter en fonction de chaque terminal. Tous les aspects de l'analytics sont bons à étudier pour une connaissance à 360° de ce que vous publiez : quelles sont les périodes de plus forte consommation du contenu en temps réel (Benjamin Lupu recommande le service Chartbeat), ou à moyen et long terme ? Variez les heures de publication, observez le temps passé par vos visiteurs en fonction de l'ancienneté des contenus, ne laissez jamais en jachère des pans de contenu, disposez d'un système d'alerte, identifiez vos landing pages prévues mais aussi celles qui ne le sont pas etc...

Monétisation du CMS : retour de Mediapart

Cette conférence proposée par Marine Sentin et Nicolas Silberman de Mediapart était surtout l'occasion d'entrevoir les possibilités de Drupal dès lors que vous souhaitez mettre en place un système d'abonnement en ligne un peu complexe. Il n'était donc pas question de parler de stratégie de monétisation mais plutôt de gestion des abonnés et de droits d'accès aux contenus en fonction du statut d'un visiteur via Drupal. Petite précision au passage : Nicolas Silberman fait également parti du comité de pilotage d'AgoraCMS, tout comme Edouard Ly d'Oxalide, Oxalide qui n'est autre que le partenaire privilégier d'AgoraCMS et l'hébergeur du site de... Mediapart. Et merci encore à Mediapart pour le code promo donnant un mois gratuit au magazine en ligne !

20 minutes : gérer le multi-canal (applications, web, devices)

La présentation menée par Arnaud Limbourg (20 minutes) est l'occasion d'évoquer les problématiques liées à la diversité des périphériques, en particulier à travers l'activité de 20 minutes. Premier constat : il est bien plus facile de développer pour un device Apple (il y a peu de devices et ils sont tous sous iOS), que pour un device Android (problème de fragmentation au niveau du système d'exploitation et on détecte plus de 400 matériels différents). Se pose également la question du responsive design vis à vis duquel il peut y avoir deux stratégies : soit faire du responsive "complet" (pour tous les devices), soit une approche double en ne faisant une version responsive que pour les mobiles. En fait, les designs responsives sont problématiques pour le display (en particulier les publicités vendues au CPM qui ne sont - du coup - pas forcément affichées). En fait, 20 minutes a résolu le problème en mettant très peu de publicité sur la version mobile du site. Enfin, les questions du public ont permis d'en savoir un peu plus. On apprend par exemple que 20 minutes propose une API à usage interne et pour les agences : Arnaud Limbourg nous explique qu'il est important de monitorer les API pour être capable d'identifier les éventuels abus (pour lutter contre la pratique du reverse engineering). Par ailleurs, le CMS exploité par 20 minutes est propriétaire : il a été développé en interne. Pour finir, sachez que les différences de pratique entre les visites "mobile" et les visites "desktop" sont essentiellement liées à l'heure de consultation : le site mobile est surtout sollicité la nuit tandis que le site desktop est essentiellement consulté en journée.

Crédit photo : Nicolas Silberman